Avec cet événement... Rendons hommage à nos Pères, ces Héros...
Je vous propose trois billets à découvrir pendant le mois de mai :
Gabriel est né en juin 1914 à Lorlanges (Haute-Loire). Il aurait eu 100 ans cette année. Il était le quatrième enfant de la fratrie et troisième garçon :
Son service militaire est à peine achevé, qu'en septembre 1939, l'heure de la mobilisation générale a sonné et il a été incorporé au 86° R.I, 3è Bataillon :
"Glorieux Régiment du Velay qui participa aux violents combats de Lorraine en 1939-40 et qui dans les cruelles épreuves de mai et de juin 1940 ne désespéra jamais de la Patrie..." *
Effectivement, du 12 au 20 juin 1940, les bataillons du 86° R.I ont participé aux violents combats sur la ligne de la Meurthe.
Dans la journée du 20 juin, les trois bataillons du 86° R.I ont été successivement faits prisonniers :
"Charmes !...Pour tous ceux des armées de Lorraine, c'est le dernier carré, l'ultime combat, sans espoir !..." *
Lors de ces combats, certains soldats ont été tués... tous les vivants ont été capturés.
Gabriel a fait partie de ces derniers... Légèrement blessé, il est devenu le prisonnier de guerre
n° 10793.
Il a transité par le front stalag 190 à Charleville (France) avant d'être déporté, le 25 janvier 1941, dans le stalag IV B à Mühlberg (Allemagne).
Mühlberg est situé dans l'arrondissement d'Elbe-Ester, au sud-ouest du land de Brandebourg et à environ 80 km de Leipzig.
Le camp se trouvait à 3 km de la ville :
En 1942, il a compté environ 4000 prisonniers de différentes nationalités répartis dans une vingtaine de baraquements.
Fin 1944, il a comptabilisé 25000 détenus.
Lors de ma visite au Service Historique de la Défense à Caen, j'ai lu les rapports de visites effectuées par le CICR (Comité International de la Croix Rouge)
Les comptes rendus relatent que les prisonniers ont été relativement bien traités : ils sont environ 500 hommes entassés dans des baraques en bois ne disposant que de 4m2 chacun ; les rations alimentaires sont insuffisantes ; l'eau et le chauffage sont inexistants...
Dans ces conditions, Gabriel a essayé de s'évader plusieurs fois, sans succès.
Finalement, le 1er septembre 1943, il a échappé à ses geôliers. Sa tentative d'évasion réussie, Gabriel a recouvré la liberté.
Mais comme beaucoup, Gabriel s'est très peu confié sur ce qu'il a vécu pendant cette sombre période et notamment sur son retour en France...
Peut-on imaginer sa fuite sur un parcours de 1262 km pour rentrer chez lui : Traverser un territoire ennemi... Ne pas se faire reprendre... Ne pas céder à la peur... Se cacher... Se nourrir... Ne penser qu'à la liberté !
Il ne pouvait pas savoir à ce moment-là, qu'un poète avait écrit un an plus tôt :
... Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommerLiberté !
Puis, le 24 avril 1945, le stalag IV B a été libéré, à son tour, par l'Armée Soviétique. Le rapatriement des prisonniers a eu lieu le dimanche 20 mai 1945 sous le contrôle de l'Armée Américaine :
Enfin, la vie a repris son cours, Gabriel s'est marié en septembre 1946 et a eu trois enfants.
Gabriel est décédé, brusquement, en août 1959 à Clermont Ferrand (Puy de Dôme). Il était le père de mon mari.
Sources :
Carte de prisonnier Gabriel Achon - CICR Genève
*Extraits de l'Historique du 86° RI -Commandant Boucher - SHD Vincennes - 34N100 -
**Extraits des comptes rendus CICR - SHD Caen - 22P2991Photos :
Collection personnelle : G.achon
The main gate. Copyright : Rijksmuseum Amsterdam NG-1983-9, Dick van Maarseveen
Extrait du poème : Liberté - Paul Eluard - 1942
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