samedi 31 mai 2014

#ChallengeAZ... A comme de l'Ariège à l'Algérie...



Quitter sa terre natale pour s'installer sur d'autres rivages... Commencer une vie nouvelle et espérer qu'elle soit meilleure...
Telle fut l'épopée, pleine de promesses, proposée à des dizaines de milliers de français au XIXe siècle pour peupler l'Algérie, après sa conquête en 1830.
Parmi eux, se trouvaient mes ancêtres ariègeois.

Difficile d'imaginer un changement de vie plus radical :

Marseille... Le port...  La Méditerranée... Du jamais vu !

Embarquer et naviguer vers l'Afrique de Nord... L'inconnu !

Scruter l'horizon, le cœur battant,  pour apercevoir la côte... Et soudain, découvrir l'Algérie !
        
Débarquer à Alger... Le soleil brûle la peau... La chaleur ralentit les gestes... La lumière éblouit...  Mais tous les sens sont en éveil, notamment l'odorat...
Des parfums inconnus divulguent leurs effluves envoûtants : le jasmin, la fleur d'oranger, les bougainvillées et les jacarandas...

S'enivrer, observer...  mais, ne pas s'attarder... Saisir son maigre bagage et continuer la route... 

Direction le sud-ouest... Encore 50 km à parcourir... La notion du temps s'évapore !

Quelques heures sous le soleil écrasant... Avant d'arriver à destination... Et enfin, découvrir Blida...  !

Est-ce ainsi que Dominique Tourré & Suzanne Périé, mes arrières-arrières grands-parents, cultivateurs, quittant Rieux de Pelleport en Ariège ont découvert l'Algérie ?

Dominique et Suzanne se sont mariés à Rieux de Pelleport le 13 février 1825. Leurs enfants sont nés dans cette commune.
J'ignore la date de leur arrivée à Blida et combien de temps, ils y ont vécu...
Suzanne est décédée le 13 décembre 1857 à 56 ans  et Dominique le 15 février 1858 à 60 ans à l'hôpital militaire.

Leurs enfants sont restés à Blida, s'y sont mariés et y ont vécu assurant ainsi une descendance dans cette ville.

Leur fille, Marie Suzanne y a épousé mon arrière grand-père maternel, Victor Emile Berthault... avant de refaire le trajet à l'envers pour aller vivre en Normandie, la région natale de Victor Emile !
(voir articles : Une épine généalogique)

Voici pour mon histoire familiale... encore incomplète !
Pour la grande Histoire,

*Les troupes françaises occupent Blida en 1839, neuf ans après la conquête de l'Algérie en 1830 et après de nombreuses tentatives d'occupation. Ils bâtissent de nombreuses casernes militaires, ce qui explique que Blida est devenue une ville garnison de l'armée française pendant toute la durée de la colonisation...
Détruite par le séisme de 1825, Blida a été reconstruite par les français selon un plan d'urbanisation moderne (rues à angle droit et maisons basses).
Aux portes de la ville, trois villages de colonisation sont créés : Joinville et Montpensier en 1843 et Dalmatie en 1848.
En 1848, elle est érigée en municipalité.



Sources : *Wikipédia.org/Blida
Image : Blida - l'Eglise catholique - Gallica - BNF




lundi 26 mai 2014

Que commence le #Challenge AZ 2014...

 
On vous l'avait annoncé depuis plusieurs semaines...
Vous l'attendiez avec impatience !..
Moi aussi !..

Samedi débute la Seconde Edition du Challenge AZ, concoctée par notre fée :
                                +Sophie Boudarel  de la Gazette des Ancêtres...

Le principe est d'écrire 26 articles en prenant les 26 lettres de l'Alphabet pendant le mois de juin.

Que réserve le Cru 2014 :

- Primo, la participation enthousiaste des blogs qui avaient pris part à la première édition...
- Secundo, la naissance de nouveaux blogs pour l'occasion. Ce qui prouve le succès du challenge ! Bienvenue à eux !
= Au total, beaucoup d'articles à découvrir... et quelques heures de lecture en perspective !

Cette année, la nouveauté proposée par Sophie est la possibilité de choisir (ou pas) un thème !

Bien que je trouve l'idée intéressante, j'ai pris le parti d'écrire sans fil rouge... !

Depuis quelques jours, j'ai rouvert la grand 'malle des Ancêtres afin d'y puiser mes articles... Et me suis mise au travail !

Et en avant-première, je souhaite à tous les participants, une belle aventure généalogique et à tous les lecteurs, de nombreuses découvertes... A consommer sans modération !

Amusons-nous...!  Surprenons-nous...!

Le challenge est fait pour cela...!

Rendez-vous, le 31 mai avec la lettre A... comme...

                                               
 A Samedi !

 
 
 

lundi 19 mai 2014

#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale... 3

Ce dernier billet sur la Seconde Guerre Mondiale rend hommage à mon père, André Marly, qui fut déporté dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO) :


* Dès 1942, Hitler exige de la France et de la Belgique des ouvriers qualifiés pour combler le manque de main d'œuvre disponible en Allemagne.
Après la défaite de 1940, l'Allemagne avait exigé de la France une énorme contribution de guerre, la réquisition de sa production industrielle et agricole, maintenant, elle exigeait les français eux-mêmes.
Il y eu plusieurs étapes avant que les ouvriers soient envoyés de force en Allemagne. En premier lieu, cette force ouvrière fut constituée de prisonniers de guerre, puis de volontaires (la propagande fut grandement utilisée)...
Fin 1942, Fritz Sauckel, responsable du recrutement des ouvriers lance le principe du travail obligatoire, valable dans la zone occupée ; Laval rédige un décret pour appliquer cette réforme en zone libre.

Le 16 février 1943, la loi sur le Service du Travail Obligatoire est appliquée et stipule que tous les jeunes gens âgés de 20 à 22 ans peuvent être envoyés en Allemagne, peu importe leurs qualifications.
En juin 1943, Sauckel réclame 220 000 hommes, en août 500 000. Il finira par en exiger un million.
La France est le pays qui a fourni la plus grande main-d'œuvre à l'Allemagne pendant la guerre :
400 000 volontaires (qui furent souvent traités de traitres en 1945),
650 000 envoyés de force,
un million de prisonniers de guerre et un million qui travaillaient dans des usines françaises au service de l' Allemagne.
Au total, 3 000 000 de français travaillèrent pour la machine de guerre allemande, de gré ou de force.


C'est dans ce contexte, qu'André, 33 ans et célibataire, fut recensé dès octobre 1942. Il résidait à Paris et travaillait comme métallurgiste chez Johannes à Saint-Ouen (Seine Saint-Denis).
Il fut déporté en Allemagne le 21 septembre 1943 à Hennigsdorf.

Hennigsdorf est situé au nord-ouest de Berlin, dans le district de Haute Havel, dans le Brandebourg.




Le "kommando extérieur Berlin-Hennigsdorf" était rattaché au KL Sachsenhausen. Ce camp abrita, dès 1936, l'administration du système concentrationnaire sous le sigle I.K.L (Inspektion der Konzentrationslager)
Ses "kommandos extérieurs", au nombre de 70, fournirent l'ensemble de l'industrie du nord de l'Allemagne.

André travailla pour le compte de Borsig-Lokomotive-Werke G.m.b.H, filiale de la société A.E.G. Cette entreprise fabriquait des véhicules ferroviaires et produisit 1230 locomotives entre 1931 et 1944.
Lors de la destruction de Berlin en 1945, l'usine fut démolie à 80 %.





Les conditions de vie des travailleurs déportés furent très éprouvantes : des cadences de travail soutenues,  des rations alimentaires insuffisantes,  des contrôles, des brimades, des dortoirs insalubres... Sans oublier les bombardements...

 

André fut rapatrié le 6 juin 1945 après 624 jours de détention.

A la fin du conflit, les travailleurs déportés dans le cadre du S.T.O furent reconnus comme des victimes des camps nazis.
 
 
 






Sources :
* Le S.T.O. - Site : http://secondeguerre.net
Dossier déporté STO : A. Marly - SHD Caen
Photos :
Usine Borsig-Lokomotiv-Werke - 1940 - Site : http://borsigwalde.eu
Werk-Ausweiss - collection personnelle
Vitrail Eglise de Marols - Monts du Forez
   


lundi 12 mai 2014

#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale... 2


Dans la famille Achon, je vous présente Adolphe, né en juin 1909 à Lorlanges (Haute-Loire). C'est le second de la fratrie et l'aîné des garçons.




En 1930, il a été appelé sous les drapeaux et incorporé au 95° RI.
Il a effectué son service, sans histoire, et est rentré chez lui avec le grade de 1ère classe ainsi qu'un certificat de bonne conduite "accordé".






Le 2 septembre 1939, suite à la mobilisation générale, il a été incorporé au 52° T. Col. Engins. Ce régiment s'est inscrit dans la 102è Division d'Infanterie de Forteresse - 41° C.A - 9è Armée.

Le régiment a séjourné initialement en Alsace puis dans les Ardennes. Il est situé aux avant-postes avec mission de résistance à durée limitée (grande tête de pont ) :


 

Le régiment a été au contact de l'ennemi et a résisté victorieusement aux attaques jusqu'au 16 mai 1940 où il a été capturé par les troupes allemandes de Panzer Division :




C'est ainsi que Adolphe, comme beaucoup de ses camarades, a été arrêté dans la forêt de Signy l'Abbaye (Ardennes).
Prisonnier de guerre n° 30537, il a été déporté provisoirement au Stalag IV B à Mühlberg (là, où Gabriel, son frère a été prisonnier un an plus tard) avant d'être envoyé, en août 1940, au stalag IV C à Wistritz - Commando 375 :

 

Wistritz (aujourd'hui Bystrïce - République Tchèque) ) se situe au sud de Dresde, en Saxe, sur la frontière de l'ancienne Tchécoslovaquie.
Le camp était une ancienne fabrique de porcelaine désaffectée en plein centre de la ville.

En février 1945,  il a compté 26 300 prisonniers de différentes nationalités.

Là également, la lecture des comptes rendus de visite du CICR (Comité International de la Croix Rouge) rapportent que les prisonniers ont été relativement bien traités :
Le 30 janvier 1945, suite aux bombardements, une baraque est entièrement détruite. Les P.G n'ont plus rien.
Par raison d'économie, les P.G ne travaillent plus que 48 heures par semaine. Certains travaillent cependant 11 à 12 heures par jour à des travaux pénibles.
En  février 1945, on observe que les vivres et les médicaments manquent, la tuberculose est présente...

Le camp a été libéré par l'Armée Soviétique le 8 mai 1945. Adolphe a été rapatrié le 21 mai 1945 sous le contrôle de l'Armée Américaine.

Pour la petite histoire, Adolphe est rentré chez lui par la voie ferroviaire.
Arrivé à Arvant, la gare qui dessert son village, il a rencontré des voisins. Il leur a demandé d'aller prévenir, Adèle, sa mère, afin qu'elle ne soit pas choquée de le voir de retour après cinq longues années de captivité.

Comme Gabriel, Adolphe est demeuré discret et pudique sur ce qu'il a vécu pendant cette épreuve...

Puis la vie a continué... Adolphe a pris le commandement de la ferme et a travaillé la terre comme l'avait fait avant lui son père, son grand-père, et ses ancêtres...

Resté célibataire, il s'est éteint en mai 1977 dans la maison familiale en Auvergne.






Sources :
Fiche matricule militaire Adolphe Achon - A.D Haute-Loire
Extraits des rapports militaires sur la capitulation du 52° demi-brigade de mitrailleurs indigènes coloniaux pendant la campagne 39/45 - SHD Vincennes -
Comptes rendus du CICR  - SHD Caen - 22 P 2991
Carte prisonnier de guerre Adolphe Achon - CICR Genève
Carte des camps de prisonniers en Allemagne - site : www.witzgilles.com/Oflag-Stalags.JPG
Photo : collection personnelle











vendredi 2 mai 2014

#Généathème : La Seconde Guerre Mondiale... 1

Dans quelques jours, nous célèbrerons le 70è anniversaire du Débarquement des Forces Alliées en Normandie qui mit fin à la Seconde Guerre Mondiale...
Avec cet événement... Rendons hommage à nos Pères, ces Héros...

Je vous propose trois billets à découvrir pendant le mois de mai :


Dans la famille Achon,  Raymond, grand-père paternel, a défendu la Patrie en 14/18. Il est décédé en 1931. Adèle, sa femme, est restée veuve avec six enfants : une fille et cinq garçons.

Gabriel est né en juin 1914 à Lorlanges (Haute-Loire). Il aurait eu 100 ans cette année. Il était le quatrième enfant de la fratrie et troisième garçon :


Son service militaire est à peine achevé, qu'en septembre 1939, l'heure de la mobilisation générale a sonné et il a été incorporé au 86° R.I, 3è Bataillon  :






"Glorieux Régiment du Velay qui participa aux violents combats de Lorraine en 1939-40 et qui dans les cruelles épreuves de mai et de juin 1940 ne désespéra jamais de la Patrie..." *

*

Effectivement, du 12 au 20 juin 1940, les bataillons du 86° R.I ont participé aux violents combats sur la ligne de la Meurthe.
Dans la journée du 20 juin, les trois bataillons du 86° R.I ont été successivement faits prisonniers :

"Charmes !...Pour tous ceux des armées de Lorraine, c'est le dernier carré, l'ultime combat, sans espoir !..." *
*


Lors de ces combats, certains soldats ont été tués... tous les vivants ont été capturés.
Gabriel a fait partie de ces derniers... Légèrement blessé, il est devenu le prisonnier de guerre
n° 10793.
Il a transité par le front stalag 190 à Charleville (France) avant d'être déporté, le 25 janvier 1941, dans le stalag IV B à Mühlberg (Allemagne).

          

 
Mühlberg est situé dans l'arrondissement d'Elbe-Ester, au sud-ouest du land de Brandebourg et à environ 80 km de Leipzig.
 
 
 
 
 
Le camp se trouvait à 3 km de la ville :

 
 
 
 

En 1942, il a compté environ 4000 prisonniers de différentes nationalités répartis dans une vingtaine de baraquements.
Fin 1944, il a comptabilisé 25000 détenus.

Lors de ma visite au Service Historique de la Défense à Caen, j'ai lu les rapports de visites effectuées par le CICR (Comité International de la Croix Rouge)
Les comptes rendus relatent que les prisonniers ont été relativement bien traités : ils sont environ 500 hommes entassés dans des baraques en bois ne disposant que de 4m2 chacun ; les rations alimentaires sont insuffisantes ; l'eau et le chauffage sont inexistants...

Dans ces conditions, Gabriel a essayé de s'évader plusieurs fois, sans succès.

Finalement, le 1er septembre 1943, il a échappé à ses geôliers. Sa tentative d'évasion réussie, Gabriel a recouvré la liberté.

Mais comme beaucoup, Gabriel s'est très peu confié sur ce qu'il a vécu pendant cette sombre période et notamment sur son retour en France...
Peut-on imaginer sa fuite sur un parcours de 1262 km pour rentrer chez lui : Traverser un territoire ennemi... Ne pas se faire reprendre... Ne pas céder à la peur... Se cacher... Se nourrir... Ne penser qu'à la liberté !

Il ne pouvait pas savoir à ce moment-là,  qu'un poète avait écrit un an plus tôt  :

... Et par le pouvoir d'un mot
   Je recommence ma vie
   Je suis né pour te connaître
   Pour te nommer
             Liberté !

Puis, le 24 avril 1945, le stalag IV B a été libéré, à son tour, par l'Armée Soviétique. Le rapatriement des prisonniers a eu lieu le dimanche 20 mai 1945 sous le contrôle de l'Armée Américaine :


**
 
 
 
Enfin, la vie a repris son cours, Gabriel s'est marié en septembre 1946 et a eu trois enfants.
 
Gabriel est décédé, brusquement, en août 1959 à Clermont Ferrand (Puy de Dôme). Il était le père de mon mari.
 
 
 
 
Sources :
Carte de prisonnier Gabriel Achon - CICR Genève
*Extraits de l'Historique du 86° RI -Commandant Boucher - SHD Vincennes - 34N100 -

**Extraits des comptes rendus CICR - SHD Caen - 22P2991
Photos :
Collection personnelle : G.achon
The main gate. Copyright : Rijksmuseum Amsterdam NG-1983-9, Dick van Maarseveen
Extrait du poème : Liberté - Paul Eluard - 1942